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Les Formidables Aventures de Michael
Les Formidables Aventures de Michael
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10 mars 2005

Pas toujours les mêmes

Samedi, grâce à quelques contacts, j'ai pû prolonger mon visa périmé. Encore plus fort: je devrais obtenir ma carte de séjour vendredi ou lundi.
Si ça se trouve, à partir de maintenant, tout va aller de mieux en mieux dans ma vie (travail, maison, amour) et je n'aurais plus rien à écrire (bouffée d'optimisme fou...ah non, ce sont les vapeurs de White Spirit -je viens de vernir la table-).

Heureusement, il y a de par le monde des âmes charitables - et suicidaires -, prêtes à reprendre le flambeau de la malchance, en s'occasionnant au passage des brulures au 2ème degré.
Alors Oyez! Oyez! L'histoire de l'ami-de-Brett.

Alors voilà, Brett a un petit amie.
Il est beau et son prénom... c'est Bonnie
A eux deux ils forment le gang....arg! C'est n'importe quoi: Et vous qui me laisser faire sans m'arrêter!

Reprenons. Brett est un américain qui relit et corrige les traductions pour le magazine.
Sa femme (et ses amis) travaillent au sein d'une école/association/agence de renseignement dépendant directement de l'Ambassade des Etats Unis au Togo.
Parmi, ses amis professeurs d'anglais, il y a un Black américain, Whashington.

Maintenant, plantons le décor: le président de la République, Eyadéma vient de mourir.
L'armée vient de placer à la tête du pays un des fils du feu Eyadema; ce qui poussent les opposants à crier au scandale.
Dans un quartier populaire de Lomé, les jeunes (désoeuvrés et casseurs à mi temps) sont bien décidés à manifester/clamer leur haine du pouvoir/de la France/des Méchants et à en découdre avec les militaires; militaires qui les attendent de pied ferme.

Alors que la majorité des étrangers éviteraient le dit quartier populaire, Washington va y faire un p'tit tour en voiture (sans aucune raison apparente). Il se fait arrété par des militaires, légèrement à cran, après avoir reçu injures et pavés lors de la manifestation « pacifiste » (dixit la radio RFI) .
En joyeux troublion, il n'a AUCUN papier sur lui; et il ne parle pas Français.
Mieux: il est défoncé et les militaires retrouvent un sachet d'herbe dans sa voiture (la consommation/trafic de drogue a toujours été sévèrement réprimé au Togo).

Tout d'abord, les militaires ne sont pas convaincus de la nationalité de Washington: un noir parlant Anglais, possédant de la drogue et se prétendant Américain, il peut s'agir d'un trafiquant Ghanéen...ou pire d'un sympathisant de l'opposition togolaise.
Par chance, ils finissent par accepter le fait que Washington soit bel et bien américain.

Moi, à la place de Washington, j'aurais téléphoné à mes amis et/où à l'Ambassade pour demander assistance et Protection. Mais Whashington est, disons le, stupide: il a une autre idée en tête; celle faire une virée avec les militaires.
Il leur demande simplement si, avant d'aller en garde à vue, il peut monter avec eux, à bord de leur fourgonnette-mitrailleuse, voir les manifestants se faire tabassés par les forces de l'ordre...et ils acceptent!

La joyeuse bande va observer les affrontements. Soudain, un panache de fumée noire s'élève dans le ciel: près de l'aéroport, les établissements Gomina (meches et perruques artificielles) brulent! Et voilà, la 7eme compagnie en route pour assister au spectacle affligeant (je l'e verrai moi-même un peu plus tard) qu'offrent les pompiers de Lomé: venus avec leurs beaux camions rouges, ils regardent le feu dévorer les batiments sans rien faire: ils n'ont pas d'eau dans leurs camions! (pas d'argent pour réparer les pompes/lances).

Finalement, les militaires conduisent Washington à la prison mais pas EN prison: il est étranger alors ils hésitent à le mettre dans la cage (c'est le terme) avec les voleurs/meurtriers africains. Washington prend place sur le banc où se reposent habituellement les geoliers, regarde la télé, discute, voire sort du batiment (mais sans s'éloigner) fumer une cigarette.

Pendant ce temps, les élèves de Washington, ces collègues et ces amis ne savent pas où il est.
Finalement, une fois localisé, Washington recoit la visite de ses amis qui lui amènent de quoi manger/se vétir/etc... pendant une semaine, il va rester là.

Puis le jour du procès arrive (ce qui est déjà positif car ici, il y a quantité de gens emprisonnés depuis des mois et des années en attente d'un procès équitable ou non). L'ambassade américaine veut bien payer les amendes/caution mais ne veut en aucne manière être impliquée officiellement...c'est donc Brett qui sert d'intermédiaire.

Le juge prononce sa sentence: 3 mois de prison et 200 000 frs cfa (je ne me rappelle plus du montant exact de l'amende). L'avocat a tout prévu: il a passé la journée de la veille à apprendre à Washington ces mots simples « s'il vous plait. monsieur S'il vous plait ». Un coup de coude bien placé, et Washington entame sa litanie « s'il vous plait. monsieur S'il vous plait. Monsieur ».
Le juge cède: contre le paiement immédiat de l'amende, Washington est libre.

L'ambassade américaine le récupère et lui fait quitter le pays le soir même (en laissant toutes ses affaires au Togo).
Plus tard, Brett m'apprend que Washington est un fils à papa: sa famille pour l'aider à surmonter le traumatisme de cette terrible épreuve lui a payé un voyage dans les Bermudes, histoire qu'il se détende un peu.

Cette histoire vous paraît incroyable? Ou Fausse?
Fausse, elle l'est en partie: le Black ne s'appelle pas Washington (j'ignore son nom)...
Pour le reste, bienvenue en Afrique où le meilleur comme le pire (et surtout le pire) peuvent arriver.

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